lunes, 12 de agosto de 2024

Les Consonnes

a) Description

Le système consonantique du français compte 18 consonnes et 3 glissantes qui sont généralement appelées semi-voyelles ou semi-consonnes. Les consonnes se distinguent selon leur mode d’articulation (axe vertical dans le tableau ci-dessous) et leur lieu d’articulation (axe horizontal dans le tableau ci-dessous).

1) Le mode d’articulation désigne la manière dont l’air expiré des poumons se dirige vers l’extérieur. On distingue :

– les consonnes occlusives ou plosives (6 en français : /p/, /t/, /k/, /b/, /d/, /ɡ/), pour lesquelles le passage de l’air est bloqué par une occlusion momentanée du conduit vocal, des consonnes constrictives (7 fricatives : /f/, /v/, /s/, /z/, /ʃ/, /ʒ/, /ʁ/ et 1 liquide : /l/), pour lesquelles le passage de l’air est rétréci par un resserrement (constriction) du conduit vocal. Les consonnes nasales (/m/, /n/, /ɲ/, /ŋ/) forment une classe à part car elles sont produites avec une occlusion momentanée du conduit vocal mais avec un flux d’air continu au niveau des fosses nasales.

– les consonnes nasales (4 en français : /m/, /n/, /ɲ/, /ŋ/), pendant la production desquelles le voile du palais est abaissé, ce qui permet à l’air expiré de passer également par les fosses nasales, des consonnes orales (14 en français : /p/, /t/, /k/, /b/, /d/, /ɡ/, /f/, /v/, /s/,/ /z/, /ʃ/, /ʒ/, /ʁ/, /l/), pendant la production desquelles le voile du palais est relevé et l’air passe donc uniquement par la bouche.

– les consonnes sourdes ou non voisées (6 en français : /p/, /t/, /k/, /f/, /s/, /ʃ/), qui sont produites sans vibration des cordes vocales, des consonnes sonores ou voisées (12 en français : /b/, /d/, /ɡ/, /m/, /n/, /ɲ/, /ŋ/, /v/, /z/, /ʒ/, /ʁ/, /l/), produites avec une vibration des cordes vocales.

2) Le lieu d’articulation désigne le point de rapprochement ou de contact entre la partie mobile et la partie fixe de l’appareil phonatoire. Des zones articulatoires ont été définies dans la bouche. Sur la partie fixe, on distingue les zones suivantes: labiale, dentale, alvéolaire, palatale (pré-palatale, médio-palatale et post-palatale), vélaire, uvulaire et pharyngale. Sur la partie mobile, on distingue les zones suivantes: labiale (lèvre inférieure), apicale (pointe de la langue), dorsale (dos de la langue) et radicale (racine de la langue).

b) Classement :
Cliquez une fois sur la voyelle pour l’écouter.

CONSONNESbi-labialelabio-dentaleapico-dentaleapico-alvéolairepré-dorso-
alvéolaire
pré-dorso-
palatale
dorso-palataledorso-vélaireuvulaire
occlusive sourdeptk
occlusive sonorebdɡ
nasalemnɲŋ
fricative sourdefsʃ
fricative sonorevzʒʁ
latérale sonorel
glissanteɥjw

NB : les deux glissantes, /ɥ/ et /j/, se distinguent par un critère utilisé pour les voyelles: l’arrondissement ou la labialité. /ɥ/ est une glissante palatale arrondie, alors que /j/ est une glissante palatale écartée (et /w/ est une glissante vélaire arrondie).

c) Graphie :
Cliquez sur les mots de la colonne “Exemple” pour les écouter.

SonExempleAutres graphèmes possibles
ppageappeler, absent, trop épais (liaison)
bbrasabbé
ttêteattendre, thé, sept, vingt-et-un, grand ami (liaison), petit ami (liaison)
ddanseadditionner
kcartecoq, accorder, quai, kaki, acquérir, ticket, orchestre
ɡgareguerre, aggraver, seconde, ghetto, long hiver (liaison)
mmotimmense
nnoirannuler, condamner, un animal (liaison)
ɲlignemanière
ŋcamping
ffleuraffaire, philosophie
vvertwagon
ssacasseoir, ce, cité, cygne, garçon, science, attention, soixante, asthme
zzèbrerose, deuxième, razzia, les enfants (liaison), six enfants (liaison)
ʃchatschéma, short, fascisme
ʒjupeagile, manger
ʁrarearroser, rhume, dernier étage (liaison)
llacaller
ɥnuit
jpiedoeil, fille, paille, yeux, aïeux, Lyon
woiseaukiwi, oui, wallon, lointain, poêle, pourquoi, crt, asseoir (la graphie -oi- correspond à [wa])

 Les Voyelles


La forme et la position de la langue, des lèvres, de la mâchoire et du voile du palais font en sorte que chaque voyelle soit prononcée de manière distincte des autres. Pour identifier et faire référence à chacune de ces voyelles uniques, on associe un symbole phonétique avec les traits articulatoires de la voyelle.

Les caractéristiques vocaliques

Une voyelle est un segment continu qui s'articule par le passage d'air dans la cavité buccale (et parfois dans les fosses nasales) sans empêchement, et elle constitue l'élément principal d’une syllabe (cf. le chapitre sur la syllabe). 

Il y a principalement quatre paramètres articulatoires selon lesquels on peut classifier les voyelles : l'aperturel'antérioritéla forme des lèvres et le passage de l'air

Aperture

Ce paramètre décrit le degré d’ouverture du passage buccal (ainsi, ce paramètre est aussi appelé « ouverture » ). Ceci est moins une question de la position de mâchoire, mais plutôt une question de la position de langue en relation du palais. Une voyelle peut être fermée (par ex., la voyelle /i/ du mot si), mi-fermée (par ex., la voyelle /e/ du mot les), mi-ouverte (par ex., la voyelle /ɔ/ du mot botte) ou ouverte (par ex., la voyelle /a/ du mot ça). Dans certaines variétés de français (par ex., le québécois) on peut aussi avoir des voyelles pré-fermées : /ɪ/ dites (comme la voyelle dans le mot anglais ‘sit’), /ʏ/ chute (comme la voyelle /ɪ/, mais avec lèvres arrondies) et /ʊ/ route (comme la voyelle dans le mot anglais ‘book’).

Antériorité

Ce paramètre décrit la position de la langue en relation de l'avant de la bouche (antérieur) et le fond de la bouche (postérieur). Par exemple, la voyelle /y/ du mot tu est antérieure ; par contre, la voyelle /u/ du mot tout est postérieure. En général, la majorité des variétés de français n’ont pas beaucoup de voyelles centrales. 

Forme des lèvres

Ce paramètre décrit la forme de l’aperture des lèvres qui peuvent être arrondies ou non arrondies (ou écartées). Par exemple, la différence principale dans l’articulation des mots si et su est le caractère non arrondi de la voyelle /i/ (si) et le caractère arrondi de la voyelle /y/ (su).

Passage de l'air

Ce paramètre indique l’état de l’aperture vélaire. On articule une voyelle orale en laissant sortir l’air seulement de la bouche, le voile du palais bloquant le passage de l’air au nez. Pour une voyelle nasale on descend le voile du palais et ouvre la bouche pour laisser sortir l’air et le son du nez et de la bouche (cf. les voyelles dans bon et beau).

La description d'une voyelle

Quand on parle d’une voyelle, on l'identifie selon les paramètres identifiés ci-dessus. Donc on décrit ainsi la voyelle /y/ (du mot pu) : une voyelle orale, fermée, antérieure, arrondie ; la voyelle /ɑ̃/ (du mot sans) est une voyelle nasale, ouverte, postérieure, non-arrondie. Dans la Figure 1, ci-dessous, les voyelles orales des langues humaines sont représentées dans l'espace vocalique. Et oui, il y en a beaucoup ; mais il y a plusieurs voyelles dans cette figure qui ne font pas partie de l'inventaire vocalique du français ; donc quelles sont les voyelles françaises ?

IPA vowel chart

Figure 1 : Les voyelles orales et leurs qualités articulatoires. International Phonetic Association (2015). CC 3.0. 

Les voyelles du français

Dans le chapitre précédent vous avez appris les termes phonème et allophone : un phonème comprend un son qui peut aider à distinguer un mot d'un autre ; un allophone est un son qui alterne avec un phonème dans certaines conditions, mais cette alternance ne distingue pas un mot d'un autre. Donc on peut poser la question : combien de voyelles phonémiques y a-t-il en français ? La réponse est un peu compliquée, car elle dépend de la variété de français que l'on étudie.

Dans le français métropolitain du nord de la France, on dit qu'il y a au moins 13 voyelles, mais on décrit 16 voyelles (ou plus, selon la personne) dans le français du Québec (Côté 2016) et 11 voyelles dans les français d'Algérie (Leroy 2016), de Maurice (Ledegen & Lyche 2016) et de la République centrafricaine (Steien, Boutin & Beyom 2016). Comme il n'y a pas une seule variété de français qui est par essence meilleure ou plus correcte que les autres, on ne précise pas de nombre absolu des voyelles françaises. Cela dit, considérons les voyelles qui sont souvent prescrites dans les cours de français et quelqueles variations communes de ces prescriptions.

Les voyelles orales

On articule une voyelle orale en laissant sortir de la bouche le son créé par le battement des plis vocaux sans l'empêcher par les autres membres buccaux. Chose importante : le voile du palais ne descend pas ; l'air sort seulement de la bouche et non par le nez. La position et la forme de la langue, des lèvres et de la mâchoire étouffent certaines parties de l'onde sonore pour rendre unique sa qualité acoustique ; quand on change la position et/ou la forme d'un de ces membres, la qualité acoustique de l'onde sonore change, ce qui produit une voyelle différente.

Comme on a dit plus haut, on peut classifier les voyelles orales par les trois qualités suivantes : l'aperture, l'antériorité et la forme des lèvres. Regardons le Tableau 1, ci-dessous. Si la mâchoire et la langue créent une cavité buccale plutôt fermée, on peut articuler une voyelle fermée comme /i/, /y/ et /u/ ; si la mâchoire et la langue créent  une cavité buccale plutôt ouverte, on peut articuler la voyelle /a/. On peut aussi avancer la langue vers l'avant de la bouche pour articuler une voyelle antérieure comme /i/, /e/ et /œ/, ou bien on peut mettre la langue vers le fond de la bouche pour articuler une voyelle postérieure comme /u/ et /o/. Enfin, la forme arrondie ou non arrondie des lèvres détermine si la voyelle antérieure et fermée que l'on articule est bien /i/ ou /y/.  

Tableau 1: Les voyelles orales

 

 Antérieure

 Postérieure

 

Écartée

 Arrondie

Écartée

 Arrondie 

 Fermée

 /i/ - lit

 /y/ - lu

-

 /u/ - doux

 *Pré-

 fermée

 /ɪ/1 - dites

 /ʏ/1 - chute 

-

 /ʊ/1 - route 

 Mi-fermée

 /e/ - mes

 /ø/ - peut

/ə/2 - je

-

 /o/ - beau

 Mi-ouverte 

 /ɛ/ - mène

 /œ/ - peur

-

 /ɔ/ - bottes 

 Ouverte

 /a/ - pas

-

 /ɑ/3 - pâtes 

-

Il y a certaines voyelles dans le tableau (notées par les chiffres en exposant) qui vous sont peut-être inconnues ou qui sont un peu particulières. Les voyelles accompagnées par le chiffre 1 en exposant s'appellent les voyelles pré-fermées (ou relâchées) et elles font partie de l'inventaire vocalique de certaines variétés de français au Canada ; elles se prononcent avec une aperture un peu plus ouverte et avec une articulation de la langue un tout petit peu plus postérieure que ce que l’on fait dans l’articulation des voyelles (plus) fermées ; c’est pour cette raison que l’on les appelle parfois les voyelles relâchées.

La voyelle /ə/ que vous voyez dans le tableau (celle qui est accompagnée par le chiffre 2 en exposant) a plusieurs noms en français : le schwa, e caduce muet, etc. Bien que sa prononciation soit très similaire—voire identique—à la prononciation des voyelles /ø/  et /œ/, on lui donne son propre symbole et le status de phonème distinct parce qu’elle est vraiment particulière parmi les voyelles, ce que nous allons étudier dans le chapitre sur la distribution des segments.

Enfin nous considérons la voyelle accompagnée par le chiffre 3 en exposant : /ɑ/. Cette voyelle était autrefois distincte de la voyelle /a/, mais aujourd’hui on dit qu'elle a fusionné avec la voyelle /a/ dans plusieurs variétés de français contemporain (mais pas toutes ; par ex., le français québécois).

 Syllabation, Rythme et Intonation

La syllabe est l’unité phonétique immédiatement supérieure au phonème. Elle se compose d’un noyau vocalique et d’une ou plusieurs consonnes éventuellement. C’est le « schème élémentaire gouvernant tout groupement de phonèmes », pour reprendre Jakobson. La syllabe possède une certaine unité acoustique, articulatoire et perceptive. Ainsi, chaque syllabe correspond à une unité d’autonomie vocale constituée par un souffle: si vous mettez la paume de la main devant votre bouche en parlant, il y a autant de syllabes que de bouffées d’air ressenties. 

La syllabe joue un rôle très important en français car c’est l’unité rythmique pulsionnelle de base en production comme en perception. Elle constitue une unité de segmentation pour les sujets de langues romanes et ceci est particulièrement vrai pour le français.

En français, les structures syllabiques sont très régulières et les frontières syllabiques très nettes. La majorité des syllabes est ouverte, c’est-à-dire se terminant par une voyelle prononcée. Cela concerne environ 80% des syllabes. Celles qui sont fermées, soit s’achevant par une consonne prononcée -et non écrite!- concernent environ 20% des productions. Il en résulte que la voyelle est la vraie star de la syllabe et que les consonnes « sonnent avec » en s’agrégeant à la voyelle suivante par le jeu des enchainements. Ce que résume le schéma suivant:



La syllabe, lieu des assimilations.

Pour commenter ce phénomène importante en français, je vais m’appuyer qur un tableau des consonnes peut-être inhabituel pour certains d’entre vous.

  • Les bruyantes sont des consonnes « très consonnes ». Certaines sont apériodiques -car les cordes vocales ne vibrent pas- ; d’autres qui sont périodiques -les cordes vocales vibrent mais la participation laryngée n’est pas ce qu’il y a de plus important-. Les bruyantes sont des bruits irréguliers, plein d’instabilité acoustique, pouvant contenir des fréquences au-delà de 2 000Hz, et qui ne sont pas de véritables harmoniques-.
  • Les sonantes regroupent une catégorie assez hétéroclite de consonnes caractérisées par un rétrécissement du canal vocal entrainant l’apparition de structures formantiques moins stables que celles des voyelles. Certains auteurs qualifient les sonantes de consonnes vocaliques. Toutes les sonantes sont voisées en principe.

Vous trouverez des informations complémentaires dans cet article de C. Meunier.

Tableau des consonnes du français

Ce tableau va permettre de comprendre  aisément  des règles phonético-phonologiques liées au contact de consonnes entre elles. Elles peuvent être source de difficultés pour un apprenant étranger. Car deux consonnes en contact à l’oral ne le sont pas nécessairement à l’écrit où elles peuvent être séparées par

  • un blanc: Par là, sept jours, un fil rouge, pour nous…
  • une voyelle « muette »: un méd(e)cin, le déj(eu)ner, à s(e)taprèm, p(eu)t-êt(re) pas, à d(e)main…

A l’oral, au sein des bruyantes, l’opposition sourdes/sonores se manifeste dans toutes les positions de mots lexicaux: initiale: pâle / balle; médiane: assure / azur; finale: hache / âge, etc.

Les sonantes ont un fonctionnement différent. Elles sont traditionnellement présentées comme étant sonores. En fait, elles sont sourdes ou sonores en fonction de leur environnement consonantique. Dans une séquence C1C2V où C1 est une bruyante, C2une sonante suivie de voyelle, il s’opère une assimilation progressive: la bruyante influence la sonante subséquente:

  • si elle est sonore elle communique ce trait à sa voisine C2,;
  • à l’inverse C2 devient sourde si telle est la nature de la C1 précédente.

Ceci apparaît nettement en consultant les deux figures suivantes où je reprends la terminologie de Wioland à propos de deux consonnes successives. Elles forment

un groupe quand elles appartiennent à la même syllabe;

une suite quand elles sont séparées par la limite syllabique.

Les deux figures ci-après illustrent ces phénomènes dits d’assimilation.

Groupe de consonnes: elles appartiennent à la même syllabe
Groupe de consonnes: elles appartiennent à la même syllabe
Suite de consonnes: elles sont séparées par la limite syllabique

Les Consonnes a)   Description Le système consonantique du français compte 18 consonnes et 3 glissantes qui sont généralement appelées semi-...